Des Milliers Paysans Sont Manaces D,expulsion de Leurs Parcelles et de Destruction de Leurs Maisons.

Des milliers de paysans sont menacés d'expulsion de leurs parcelles et de destruction de leurs maisons.

Il y a 40 ans, la réforme agraire limitait à 84 puis 42 hectares les propriétés agricoles et fixait le montant des baux. Le surplus des grandes propriétés fut vendu à crédit aux paysans qui les cultivaient en fermage ou en métayage.
Depuis 1997, la loi de "libération des baux" autorise les propriétaires à augmenter les fermages comme bon leur semble. Non satisfaits d'exploiter les fermiers ou de les contraindre à abandonner la terre, les grands propriétaires s'attaquent aussi aux petits propriétaires, bénéficiaires de la réforme agraire.

L'administration publique des terres de la réforme agraire, de connivence avec les grands propriétaires, refuse de fournir aux paysans leurs titres de propriété, et les tribunaux font expulser les paysans des parcelles qu'ils cultivent depuis 40 ans.

Quand les paysans possèdent leurs titres, les propriétaires les attaquent avec des bulldozers et des bandes armées, détruisent leurs maisons, la police torture les paysans, leurs épouses et enfants pour les faire renoncer à leurs droits.

Le 21 mai dernier, dans la région de Dekernes (nord-est du Delta), les tribunaux ont ordonné la saisie par la force d’une dizaine de feddans (1 feddan = 0.42 ha). Les paysans, bénéficiaires de la réforme agraire, ont épuisés tous les recours juridiques. La police dans une violence extrême les expulsait le jour même de leur terre. 25 petits paysans pourtant propriétaires de plein droit, un activiste et 5 journalistes (2 français, 1 suisse, 1belge et 1 égyptien) ont été arrêtés après avoir été tabassés. De nouvelles spoliations sont annoncées dans le hameau. Les paysans de Sarando, accusés de diffamation, coups et blessures, et dégradations, pour avoir brûlé les bulldozers venus les déloger et accusé la police de les avoir torturés en janvier 2005, seront jugés en Haute cour de Sûreté de l'Etat à Damanhour le 18 juin 2006. Le parquet poursuit 26 paysans (dont 6 femmes) qui résistent à leurs agresseurs ainsi que leur avocat, Mohamed Abdel Aziz, devant des tribunaux d'exception. L'officier responsable de la séquestration des paysans et de la mort de Nafissa (38 ans, morte le 15 mars 2005, torturée) désormais plaignant contre les paysans et leur avocat, est toujours en mesure de faire arrêter et torturer les paysans qui s'opposent à lui et aux grands propriétaires terriens.
Shahinda Maqlad, al-Sayed Maqlad, Mohamed al-Sayed, veuve et parents de Salah Hussein (leader paysan de la réforme agraire de Nasser, assassiné le 30 avril 1966), Adel Hamouda, Ala Adel, Hana Hamed, journalistes ont été condamnés à la prison pour diffamation, pour avoir relaté et publié le récit de l'assassinat de Salah Hussein par la famille Fâqi. Figure emblématique de la résistance des paysans, Shahinda risque, à presque 70 ans, six mois de prison ferme. Le dimanche 25 juillet, le verdict est tombé, elle n'ira pas en prison, mais elle n'a pas été acquittée pour autant. Shahinda a été condamnée à une amende de 2500 L.E (soit 350 euros) et 2100 L.E (soit 290 euros) de dommages et intérêts. Elle a donc été jugée coupable d'injures et de diffamation à l'encontre des héritiers Fa’qi. Ce jugement est inacceptable. En condamnant Shahinda, c'est la résistance des paysans que l'on criminalise. Au moment où, dans la violence, les héritiers des grandes familles féodales appuyés par la sûreté de l'Etat, expulsent les petits paysans propriétaires, les tribunaux réécrivent l’histoire de la réforme agraire nassérienne.

Des paysans du gouvernorat de Behira (Delta) sont menacés d'expulsions par la compagnie d’Etat Shamal al-Tahrir. Cette compagnie exige des paysans qu’ils rachètent les terres dont ils sont légalement propriétaires.
 Qui protége les paysans, à Abu hommos, Hezbet al-Sottomeyya, Berket Ghattas Kafr al-Dawwar et pourra stopper l’humiliation et les expulsions ? Dans un contexte de répression féroce, les paysans tente de s’organiser au sein de comités locaux. L’émergence en Egypte, d’une organisation faite par et pour les paysans, où toute initiative collective, surtout lorsqu’elle émane, de la petite paysannerie majoritaire, est méthodiquement empêchée ou réprimée, est un processus aussi long que fragile.  Le Comité de solidarité paysanne a été crée dans le village de Kamchich dans le gouvernorat d’al-Manoufiyya dans la région du Delta le 30 avril 2005 au cours d’une réunion qui a rassemblé de nombreux paysans de quatre gouvernorats (al-Manoufiyya, al-Daqahliyya, al-Beheira et al-Fayoum) ainsi que des militants comme l’avocat Ahmad Nabīl al-Hilālī, Shahinda Maqlad et des membres de plusieurs syndicats ouvriers. La Via Campesina était pour la première fois représentée, par un délégué italien, Gianni Fabbris (Altragricultura). A la suite de cette première rencontre, la Via Campesina a invité trois membres du comité au Forum paysan méditerranéen qui a eu lieu à Barcelone en juin 2005. Cette participation a posé un deuxième jalon dans le rapprochement des luttes entre les deux rives de la  méditerranée.  L’activité du comité consiste à soutenir et coordonner la résistance des paysans bénéficiaires de la réforme agraire pour empêcher la spoliation de terres qui leur ont été distribuées par l’Etat dans les années 1950 et 1960.  L’adhésion se fait sur une base individuelle. Le comité est indépendant de toute structures officielles, parti ou syndicat. Il n’a aucun lien avec l’Etat (les autres organisations paysannes ou ouvrières en Egypte sont des organisations gouvernementales). Pour garantir son indépendance, le comité est financé exclusivement par ses membres. Deux Cahiers paysans réunissant des textes publiés, des textes d’intervention, des témoignages ont été rendu public, le premier sur les rencontres de Kamchich, (14 juin 2005) et le deuxième, intitulé « Des évènements de Mit Shahala aux discussions de Barcelone » (septembre 2005). Principal outil de coordination entre les différents comités, les cahiers permettent de centraliser les informations sur les luttes actuelles et d’organiser plus facilement leur diffusion en arabe. Un troisième numéro est en préparation sur la mobilisation
à Dekernes (septembre 2006)
 Le 30 avril 2006, toujours à Kamchich, les comités villageois de Sarando, de Kamshish, de Mit Shahala, de Dekernes, fondent une coordination paysanne qui rassemble trois délégués par villages. Cette coordination à vocation nationale doit se réunir régulièrement avec un double objectif : fédérer localement les luttes des paysans et renforcer son association au mouvement paysan international. Il s’agit, plus que jamais de sortir les paysans égyptiens de leur isolement. A cette occasion, Michel David, de la Confédération paysanne a été mandaté par la Via Campesina pour réaffirmer un soutien international à la résistance des paysans égyptiens.  Notre priorité, au moment où se prépare la venue d’une délégation internationale de paysans de la Via Campesina est de mettre en œuvre cette solidarité paysanne internationale à l’échelle des villages, en multipliant les échanges de personnes, d’expériences militantes et d’informations. Ce que nous avons déjà commencé à Barcelone et continuons depuis par des campagnes de protestations ciblées.  En juin 2006, un délégué du Comité, à l’invitation de la municipalité de Ollolaï (Sardaigne), participe avec Gianni Fabbris (Altragricoltura) à une tournée dans le sud de l’Italie (Ollolaï, Bari, Policoro, Vittoria) pour alerter les paysans italiens sur la situation dans les campagnes égyptiennes. Aujourd’hui et plus que jamais, il s’agit de dénoncer :  – la spoliation des paysans bénéficiaires de la réforme agraire. – la répression policière à l'encontre des paysans et des membres du comité.

– la collusion entre le pouvoir judiciaire, les forces de l'ordre et les héritiers des grands propriétaires terriens. Peasant solidarity committee – egypte.mail :egyptianpeasanpeasantsolidarity@gawab.com